Exclusif : interview de Tanguy Roelandts, président de la Confédération des Chocolatiers et Confiseurs de France

 

Reconduit à la présidence de la Confédération des Chocolatiers et Confiseurs de France, Tanguy Roelandts donne le tempo pour les trois ans à venir. Reconnaissance du métier, communication et promotion des grands crus de cacao et de leurs origines seront

au centre de ses préoccupations…

Chocolat et Confiserie Magazine : Comment se porte la filière
chocolat en 2013 ?

Tanguy Roelandts : Le chocolat à la Française est reconnu à la travers le monde même si les Français n’en sont pas encore convaincus. Grâce aux leaders qui ont tiré la filière vers le haut, comme La Maison du Chocolat,
Jean-Paul Hévin, Bernachon…, et à la compétition qui s’est installée sur le territoire et qui a fait progresser les artisans, il n’y a plus véritablement de leader charismatique aujourd’hui et on a dans l’Hexagone beaucoup de bons professionnels.

D’ailleurs, quelle ville moyenne de France n’a pas aujourd’hui un bon chocolatier ? L’heure des chocolatiers a sonné et c’est une bonne nouvelle pour les années à venir !

 

CCM : Avoir du talent, c’est bien. Le mettre en avant, c’est essentiel ! Comment aidez-vous les chocolatiers à bien communiquer ?

T.R. : Un chocolatier est en général une personne qui a commencé jeune,
dans son labo et qui, même en étant un artiste qui sublime son produit,
n’est pas toujours extraverti sur le plan de la communication.

Et si quelques-uns sont charismatiques, cela ne veut pas dire qu’ils font un meilleur chocolat que les autres, mais simplement - et c’est un atout ! -
qu’ils sont à l’aise devant le micro.

Au dernier Congrès de Marseille, certains “timides” ont donc pu découvrir que la communication n’était pas si compliquée. Toutefois, même en suivant des stages, comme je l’ai fait moi-même, la mise en pratique n’est pas forcément aisée et il faut travailler. Bien communiquer, c’est faire rêver. Pour séduire des clients qui ne consomment plus “idiot”, les chocolatiers ne doivent jamais perdre de vue cette donnée.

Aux consommateurs, ils doivent parler de leur produit mais également des planteurs et de leur fierté à produire des fèves de qualité, des pays producteurs, des grands crus de cacao… C’est ce que vous faites dans

le magazine et c’est l’un des axes de travail de la Confédération pour valoriser le chocolat durant les trois années qui viennent. En prenant conscience qu’ils risquaient de scier la branche sur laquelle ils étaient assis, les industriels vont aujourd’hui dans le même sans que nous et ils vont pouvoir nous donner des moyens dans la communication.

 

CCM : Tout chocolatier qui se respecte doit-il vendre ou, au minimum, “se vendre” via Internet aujourd’hui ?

T.R. : Vendre ses chocolats sur le Net, je le pratique moi-même et c’est compliqué, notamment sur le plan de la logistique. De fait, d’une façon générale, je ne suis pas convaincu que cela soit essentiel. En revanche, un artisan quel qu’il soit n’existe pas aujourd’hui s’il n’a pas au moins une belle page de présentation Web et une adresse mail facile à retenir.
C’est sa carte de visite ! Cela, tous les artisans, chocolatiers compris, ne l’ont pas encore admis.

 

                    " Un chocolatier doit avoir une page Web :

                                                                          c'est sa carte de visite ! "

 

La Chambre des Métiers des Bouches-du-Rhône a enquêté : sur son territoire, presque un artisan sur deux n’a pas d’adresse mail ! Et on ne parle même pas de site Internet… Pour vendre et se vendre, il faut donc exister dans sa boutique, exister sur la Toile, et animer

son point de vente en faisant la Journée du Cacao, en participant

à la Semaine du Goût…, bref, en trouvant des prétextes pour faire goûter ses chocolats. C’est comme cela qu’un chocolatier parvient

à bien vendre et à fidéliser sa clientèle.